La supervision croisée :
un espace vivant pour penser sa pratique autrement

Introduction
J’accompagne depuis plus de 40 ans des professionnels venus d’univers très différents : médiateurs, coachs, DRH, managers, chefs d'entreprise, avocats, soignants, assistants sociaux, psychologues, éducateurs, consultants, responsables associatifs…
Tous partagent un point commun : ils exercent un métier où l’on accompagne, soutient, oriente, ou régule. Des métiers exigeants, parfois solitaires, où la posture professionnelle se trouve sans cesse mise à l’épreuve — entre l’éthique, la technique et l’humain. C’est pour ces professionnels que je propose des groupes de supervision transversale, ouverts à tout métier de l’accompagnement.
La supervision, un espace pour penser sa pratique.
Je conçois la supervision comme un espace contenant, soutenant et exigeant, dans lequel chacun peut réfléchir à sa pratique, ajuster ses gestes professionnels, et retrouver du sens à son action.
Selon la Fédération des Superviseurs Professionnels :
« La supervision désigne la relation entre un professionnel de l’accompagnement et un superviseur qualifié, sans lien hiérarchique. Dans cette interaction sont travaillés, en toute confidentialité, les questionnements relatifs à la mission d’accompagnement dans ses dimensions éthiques, posturales, affectives et déontologiques. »
Je partage pleinement cette approche. Pour moi, la supervision vise avant tout à soutenir le développement professionnel et personnel du praticien, à garantir la qualité de son accompagnement, et à lui permettre de retrouver une clarté intérieure dans les situations complexes qu’il rencontre.
Un parcours pluridisciplinaire au service de la supervision
Mon approche s’appuie sur un parcours que j’aime qualifier de pluridisciplinaire et vivant. J’ai exercé pendant plus de trente ans comme avocat, avant de devenir médiateur certifié coach professionnel et superviseur.
Mon chemin s’est nourri du droit, de la psychologie, de la psychanalyse, de la médecine et du secteur médico-social, autant de regards qui m’ont appris que l’accompagnement n’est jamais réductible à une seule grille de lecture. Cette diversité me permet aujourd’hui d’accueillir des professionnels issus d’horizons variés, dans une approche structurée, ouverte et humaniste.
Ce que permet la supervision
Mon intention est, grâce au cadre contenant que je propose, que chacun, quel que soit son métier ou son parcours, puisse, aux côtés de praticiens venus d’autres horizons :
- Développer la qualité de sa pratique professionnelle de médiateur
- Remettre en route des capacités d’élaboration et de réflexivité sur sa pratique
- Se détoxiquer de l’emprise de situations professionnelles vécues
- Prendre de la distance
- Donner forme aux vécus perturbants qui nous arrivent de l’extérieur
- Mettre à distance les projections et identifications
Pourquoi la transversalité me paraît essentielle
Parce que nul n’accompagne seul. Parce que penser sa pratique, c’est aussi la confronter à d’autres regards.
J’ai choisi d’ouvrir certains groupes de supervision à des profils variés, convaincu que c’est dans la diversité des parcours et des expériences que naît la véritable intelligence collective. La supervision croisée ou transversale, c’est avant tout une rencontre d’humanité à humanité, au-delà des professions, où chacun apprend à se voir autrement à travers le regard de l’autre.
Lorsqu’un DRH, un médiateur, un coach, un chef d'entreprise, un soignant, un avocat ou un travailleur social partagent un même espace, quelque chose d’unique se produit : Chacun découvre, à travers la parole de l’autre, une façon nouvelle de penser la relation, d’habiter la responsabilité, d’accueillir la complexité. Dans ces groupes, les frontières entre métiers s’effacent au profit d’une expérience commune : celle d’hommes et de femmes confrontés à des situations humaines qui les touchent, les bousculent, les questionnent. Peu à peu, la parole se dépose, les masques professionnels tombent, et chacun découvre qu’au-delà de son rôle, c’est sa manière d’être en relation qui est en jeu.
Les échanges deviennent alors un miroir vivant : chacun(e) se reconnaît dans le récit de l’autre, revisite sa propre pratique à travers la sienne, s’autorise à douter, à ressentir, à comprendre autrement. Ce mouvement transforme. Il redonne souffle, lucidité et confiance. Ce n’est plus seulement un travail sur la pratique, mais une traversée humaine partagée, où l’on se retrouve plus ajusté à soi, plus ouvert à l’autre.
Et c’est là, au cœur de cette expérience, que chacun(e) mesure combien, au-delà des cadres et des fonctions, nous partageons les mêmes dilemmes éthiques, les mêmes tensions entre proximité et distance, engagement et neutralité, écoute et action. Au cœur de ces échanges, au-delà des rôles et des appartenances professionnelles, se vit une rencontre d’humanité à humanité — celle qui relie profondément ceux qui prennent soin, accompagnent, écoutent ou soutiennent. Cette diversité crée un effet miroir puissant : les expériences se répondent, les perspectives s’élargissent, les évidences se déplacent. Peu à peu, chacun(e) retrouve du souffle, de la clarté et de la créativité dans sa manière d’accompagner. C’est cette alchimie du croisement que je trouve la plus féconde : un lieu où les différences ne séparent pas, mais éclairent et nourrissent. Un espace où l’on ressort à la fois plus ancré dans sa pratique et plus ouvert à celle des autres, et donc à l’autre.
Si vous accompagnez, régulez, écoutez ou soutenez, quel que soit votre métier ce type de supervision vous permettra de respirer à nouveau, de penser ensemble et de vous ressourcer autrement.
Un cadre éthique et sécurisant
Ma pratique de superviseur s’enracine dans une formation initiale à la supervision réalisée il y a plusieurs années, prolongée par plus de 130 heures de formation d’approfondissement.
Cette exigence de formation continue nourrit à la fois ma rigueur de cadre et mon écoute des processus humains.
Elle me permet d’offrir aux professionnels que j’accompagne un espace où sécurité, profondeur et développement vont de pair.
Chaque groupe repose sur des accords simples : parler au « je » pour prendre la responsabilité de ses propos et faciliter la connexion, garantir la confidentialité pour une parole libre et sécurisée, suspendre le jugement pour donner à chacun la liberté de s’engager, et se tutoyer pour favoriser la proximité.
Je me souviens d’une séance où une participante, d’abord très réservée, a confié en fin de rencontre : “C’est la première fois que je peux dire tout cela sans peur d’être jugée.”
Ce simple retour résume l’essence du cadre que je veille à poser : un espace où chacun peut déposer ce qui pèse, partager un doute, une erreur, une émotion, sans crainte d’évaluation ni d’exposition. C’est dans cette sécurité, à la fois contenante et bienveillante, que le travail réflexif devient possible. Elle permet de dire ce qu’on ne dit nulle part ailleurs, d’entendre autrement, et de repartir plus clair, plus libre, plus aligné.
Une approche systémique et réflexive : les 7 regards
Je m’appuie notamment sur le modèle des 7 regards de Hawkins et Shohet, que j’ai revisité. Ce modèle permet d’examiner une situation selon plusieurs prismes :
- Les observations : ce qui s’est passé
- Comment le professionnel a procédé
- Les relations entre le professionnel et son client/patient/usager
- Ce que le professionnel vit avec son interlocuteur
- Les processus parallèles
- Mon contre-transfert
- L’impact des contextes organisationnel, culturel, économique, social…
Ce cadre soutient une lecture systémique et circulaire des situations, où le sens émerge du dialogue.
Ces 7 regard peuvent indifféremment porter :
- Sur une situation professionnelle par rapport à laquelle le professionnel souhaite prendre du recul
- Des questions plus identitaires, nécessitant un travail en soi et sur soi afin de permettre au professionnel de s’interroger notamment sur ses choix.
En conclusion
La supervision croisée est pour moi un espace de respiration, de discernement et de transformation. Elle permet de retrouver le goût du métier, la clarté du sens et la solidité intérieure nécessaires pour continuer à accompagner les autres — sans s’épuiser ni se perdre. C’est un lieu où l’on apprend autant sur soi que sur son métier. Un lieu où l’on réaffirme que la qualité de ce que nous offrons dépend d’abord de la qualité de notre présence à nous-mêmes.